Dans notre capital, notre actionnariat sera 100 % médical

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« Les anciens radiologues cèderont leur capital à Vidi Capital et les jeunes entreront progressivement dans la structure en investissant à leur rythme », explique Alain Guillemot.

Le réseau d’imagerie médicale Vidi, qui compte actuellement 1 100 radiologues, vient de lancer une nouvelle structure nationale capitalistique, baptisée Vidi Capital. Selon Alain Guillemot, radiologue et président du groupe, l’initiative doit permettre de consolider et de pérenniser les centres d’imagerie, de fluidifier la transition générationnelle et de maintenir l’indépendance des médecins libéraux.

– Docteur Imago / Comment est née l’initiative Vidi Capital ?

– Alain Guillemot / Certains radiologues du réseau Vidi nous ont demandé de les aider et de leur proposer une solution d’adossement capitalistique dans leur région. L’objectif pour eux était de devenir plus gros et de pouvoir bénéficier de cette taille critique pour rationaliser un peu plus leurs coûts, mais également peser sur leur écosystème et récupérer une activité supplémentaire. Pas forcément pour faire plus de chiffre, mais simplement pour pouvoir accéder à des activités d’imagerie haut de gamme (IRM 3 T, radiologie interventionnelle, etc.). Il y a quelques années déjà, nous avions imaginé devoir fusionner les structures d’imagerie car c’est dans l’air du temps. Les coûts des structures augmentent, la concurrence s’intensifie et il est plus facile de l’affronter au sein d’une structure de taille conséquente. Je pense que si l’on veut exister dans l’avenir, avoir du poids et avoir accès à de très beaux plateaux d’imagerie, il faut devenir très gros.

– D. I. / Concrètement, comment fonctionne la plateforme Vidi Capital ?

– A. G. / Elle permet d’être lié de façon capitalistique. C’est exactement ce que nous vivons actuellement dans nos structures libérales. Lorsqu’un jeune radiologue arrive dans une structure, le cédant lui vend son capital. Là, c’est la même chose, excepté que cela ne se fait plus à l’échelle locale mais nationale. L’ancien radiologue cède son capital à Vidi Capital et le jeune va rentrer progressivement dans la structure. C’est une approche plus souple qu’avant puisque nous proposons une entrée des jeunes radiologues « à la carte », au fur et à mesure des aléas de la vie. C’est une façon beaucoup plus attractive de participer à un capital national. La jeune génération peut investir des sommes relativement élevées, mais à son rythme.

Les groupes financiers qui peuvent être nos concurrents n’ont pas la même optique que nous. Avec Vidi Capital, ce que nous souhaitons avant tout, c’est
protéger le projet médical.

« Ce que nous souhaitons avant tout, c’est protéger le projet médical »

Nous voulons un projet médical haut de gamme, de qualité, d’innovation pour pouvoir attirer les talents. Cette ambition nous démarque des groupes financiers qui n’ont pas forcément un objectif de qualité – quoi qu’ils en disent – sur le projet médical. Nous voulons maintenir une radiologie libérale indépendante. Dans notre capital, notre actionnariat sera 100 % médical, contrairement à la concurrence qui possède un actionnariat financier.

– D. I. / La structure Vidi Capital est-elle indépendante du groupe Vidi ? Qui la pilote ?

– A. G. / C’est effectivement une structure indépendante. Elle est pilotée de façon classique par un conseil de surveillance présidé par le radiologue David Facon, directeur général de Vidi. Pour ma part, je préside le directoire. Nous sommes entourés d’experts de haut vol, non médecins, capables de nous aider à structurer notre projet. Comme dans toutes les sociétés, nous avons une directrice générale non radiologue, un directeur financier, des managers, etc. Ce sont des gens qui ont une grande expérience et de grandes compétences. La structure est pilotée par des radiologues. C’est donc un projet très vertueux, avec une responsabilité sociétale si j’ose dire.

– D. I. / Vidi Capital indique avoir réalisé une importante levée de fonds pour son projet. Pouvez-vous nous en dire plus ?

– A. G. / Au 31 juillet, nous allons finaliser une levée de fonds réalisée auprès d’une centaine de radiologues. Je ne peux pas révéler son montant précis mais elle est très importante, puisque le ticket moyen par radiologue est d’un peu plus de 150 000 euros. De nombreux radiologues croient à ce projet et sont prêts
à investir à titre personnel pour le mettre en œuvre. Cette levée de fonds va nous permettre d’avoir un capital significatif pour investir dans des structures

Avec ce capital et les emprunts bancaires contractés, nous allons devenir une structure de premier plan dans la consolidation capitalistique des groupes d’imagerie. Nous avons les moyens financiers, juridiques et humains de nos ambitions. Pour l’instant, nous démarrons très fort et nous sommes très optimistes.

– D. I. / Quel est votre constat sur l’exercice libéral aujourd’hui par rapport à il y a 20 ou 30 ans ?

– A. G. / La situation s’est complexifiée. Il y a 20 ans, nous n’avions pas la crise démographique que nous avons aujourd’hui. Certaines structures ne trouvent pas de successeurs, ce qui entraîne une désertification des territoires. C’est là que nous intervenons. Nous voulons intégrer dans Vidi Capital des petites, moyennes et grandes structures de façon à lutter contre cette désertification. Il y a aussi des problématiques de gouvernance. Il y a 20 ans, diriger un cabinet de radiologie était plus facile qu’aujourd’hui. Le corpus réglementaire s’est fortement alourdi et cela nécessite un investissement très important. Les radiologues qui n’ont pas de directeur opérationnel doivent porter à bout de bras leur structure, ce qui n’est pas forcément ce que souhaite la jeune génération. Les jeunes radiologues ont peut-être plus envie de faire de la belle médecine que du management.

Docteur IMAGO.fr – Carla FERRAND